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  • Photo du rédacteurBlogeur Leclerc

Exclusivité !! Interview de l'autrice de BD Vanyda !

Anaïs et Pauline ont eu la chance d’interviewer Vanyda, autrice de Valentine, entre autres BD présentes au CDI. En français, nous avons travaillé sur les histoires familiales. Certains élèves, dans ce cadre, ont lu la BD de Vanyda : Un million d’éléphants. Un grand merci à Vanyda de leur avoir accordé cette interview ! Anaïs : Pourquoi avez-vous choisi ce thème ? (le Laos)

Parce que je me posais plein de questions sur l’histoire de ma famille, et du coup, je me suis dis qu’en faire une BD serait un bon moyen de creuser ce sujet. En plus, je ne connaissais pas de BD qui parlaient de l’histoire du Laos, ça n’avait jamais été fait. Je me suis dit que ce serait l’occasion. Pauline : Pourquoi avez-vous choisi ce titre ? (Un million d’éléphants) Vanyda : Le titre est en rapport avec le nom du pays, c’est un surnom donné au pays du Laos qui s’appelait le pays du million d’éléphants parce qu’à une époque il y en avait vraiment beaucoup et, du coup, c’était un peu comme le symbole du pays. C’était sur le drapeau, il y avait un éléphant tricéphale qui est un animal mythologique à trois têtes du Laos. Ça a un peu induit en erreur certains lecteurs qui pensaient qu’il y aurait beaucoup plus d’éléphants dans l’histoire et, finalement, il n’y en a pas tant que ça. Anaïs : A qui avez-vous voulu rendre hommage en écrivant ce livre ? Vanyda : C’est évidemment à ma famille en particulier et puis après à tous les laotiens qui ont dû quitter leur pays, fuir l’arrivée de la dictature communiste. Pauline : Comment avez-vous eu cette idée et quand ? Vanyda : C’est une idée que j’ai eu en allant là-bas. Je suis allée au Laos la première fois en 2005 avec mon père qui n’y était pas revenu depuis trente ans et quand j’ai vu les décors, les paysages, les temples et tout ça j’ai eu envie de les dessiner et de raconter l’histoire de ce pays qui n’est vraiment pas très connu. Anaïs : Votre voyage vous a-t-il apporté quelque chose ou vous a aidé pour les graphismes et les noms des personnages ? Vanyda : Le premier voyage m’a donné envie, et j’en ai fait un second avec le scénariste pour, justement prendre de la documentation, faire des photos. Ensuite, pour les prénoms, c’est des prénoms de gens qu’on a rencontrés ou des prénoms que mon père m’a indiqué, qui existaient dans ses amis ou dans notre famille. Pauline : Jean-Luc Cornette est le scénariste, comment avez-vous travaillé ensemble ? Vanyda : Cette BD sur ma famille c’était un projet personnel et qui l’était un peu trop donc je n’arrivais pas à avoir du recul dessus. C’est pour ça que je voulais faire appel à un scénariste, et Jean-Luc Cornette est un ami que j’ai rencontré en festival de Bande-Dessinée et il adore voyager. Il avait beaucoup voyagé en Asie du Sud-Est et il avait fait tous les autres pays : le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande, il n’avait pas fait le Laos. Donc je me suis dis que c’était une bonne idée d’y aller ensemble vu que c’est une région du monde qui l’intéresse. Il est belge donc il avait un autre regard que les français, qui ont colonisé le Laos alors que la Belgique n’a pas eu de colonies en Asie. Anaïs : Est-ce que à notre âge ( 14 ans) vous pensiez déjà à dessiner ou à écrire des bande dessinées sur votre famille ? Vanyda : A votre âge, je faisais déjà de la bande dessinée et j‘écrivais vraiment plus de la fiction. C’étaient beaucoup d’histoires de relations entre jeunes. J’aimais bien raconter des histoires de jeunes de vingt ans qui entrent dans la vie active qui cherchent l’amour. Pauline : Est-ce que vous avez lu des livres ou des BD d’auteurs qui écrivent sur leurs familles qui vous ont inspirés ? Vanyda : Alors oui, j’en ai lu notamment une BD d’un copain, Clément Balou qui est lui d’origine vietnamienne et qui faisait tout un travail sur le Vietnam et il qui avait interviewé des gens au Vietnam pour savoir leur parcours. Elle m’a beaucoup inspiré. Et Yung, qui a fait une BD qui s’appelle « Couleur de peau miel » qui raconte comment, lui, a été adopté par une famille belge, il est d’origine coréenne. Il raconte tout son parcours un peu identitaire : asiatique, belge, le départ des blancs. Ce sont vraiment les deux BD qui m’ont vraiment inspiré pour me pencher sur mes origines et faire quelque chose d’un peu autobiographique ce que je ne faisais pas avant. Anaïs : Dans le livre, vous avez mentionné des personnes de votre famille, quelles ont été leurs réactions quand elles ont lu la BD ? Vanyda : On avait quand même modifié les noms et quelques situations parce que dans le livre, mes grands-parents n’avaient pas les mêmes noms et mon père, normalement, un frère mais il n’a pas été retranscrit dans l’histoire. Donc il y a des choses qui ont été modifiées. Et ceux qui l’ont lu étaient plutôt contents que l’Histoire soit mise en avant parce qu’on n’en parle pas beaucoup et elle est assez peu connue. Pauline : Qu’avez-vous ressenti en écrivant ce livre? Vanyda : Alors ça a été assez difficile, il y avait quand même des passages durs de la guerre. Un passage qui a particulièrement été compliqué c’est celui où les communistes viennent chercher celui qui représente mon grand-père pour l’emmener dans un camp de redressement communiste, c’était vraiment pas facile à dessiner et puis les explosions, les scènes de guerre où les soldats tirent sur la population. C’est vraiment des choses que je n’ai pas l’habitude de dessiner. Je dessine plutôt la vie de tous les jours ou des histoires d’amour et ça n’a vraiment rien à voir. Après, il y avait des moments vraiment bien c’est quand je dessinais les forêts et des temples, j’avais vraiment très envie de les dessiner. Il y avait des moment durs et d’autres biens. Pauline : Nous avons vu que vous avez écrit d’autres livres, sont-ils aussi inspirés de votre vie ou sinon de quoi vous êtes-vous inspiré pour les écrire ? Vanyda : Toutes mes idées sont inspirées de ma propre vie et surtout des gens que j’ai rencontrés et qui m’inspirent. Mais pour créer un personnage de bande dessinée, j’aime bien mélanger deux ou trois personnes réelles et je m’inspire aussi beaucoup des anecdotes qu’on me raconte. Comme dans Un petit goût de noisette, c’est un peu d’histoires d’amour, c’est beaucoup d’histoires d’amour de mon entourage, de gens qui m’ont raconté leurs parcours sentimentaux que ce soient des gens de mon âge, plus jeunes ou même plus vieux. Par exemple, dans celle que je suis en train de faire, il y a des amis de mes parents qui ont soixante-dix ans. Je me suis inspirée d’eux. Pauline : Comment ont réagi les gens à la lecture de votre livre et qu’est-ce que ça vous a fait ressentir ? Vanyda : Un million d’éléphants, malheureusement, je trouve qu’il n’a pas eu beaucoup de succès. Il était difficile à trouver en librairie, du coup, il n’y a pas beaucoup de gens qui ont réussi à se le procurer. Après, il y a quand même beaucoup de gens d’origine laotienne qu’ils ont acheté, parce que quand ils ont vu le titre, l’éléphant sur la couverture, ils ont tout de suite su que ça parlait du Laos. Il y en a beaucoup qui m’ont remerciée parce que ça parlait d’une histoire méconnue et que souvent ils l’achetaient en plusieurs exemplaires pour pouvoir en donner à leurs familles. Il y a beaucoup de jeunes, des plus jeunes qui ne connaissent pas du tout l’histoire de leurs parents. C’était un bon moyen de transmettre de la génération d’après à la génération d’avant. Donc, ça, ça m’a fait vraiment plaisir. Mais je trouve qu’il reste méconnu comme album. En plus il est un peu compliqué à lire, et ça je peux le comprendre pour beaucoup de gens parce qu’il y a beaucoup de noms laotiens, il y a beaucoup de personnages. Quand on ne connaît pas, en plus, la géographie du lieu et qu’on parle de villes, on ne sait pas trop de quel endroit il s’agit. Du coup, il n’est pas très, très facile à lire. Il faut se concentrer beaucoup et je crois que ça a pu jouer dans le fait qu’il ne se soit pas trop vendu. Pauline : Avez vous pris quelques libertés avec l’histoire du Laos et des autres pays ? Vanyda : On a pris quelques libertés sur certains événements. Par exemple, les camps de redressement communistes où a été enfermé mon grand-père, en fait, il n’y a pas de photos. Personne ne sait à quoi ça ressemblait, sauf ceux qui y ont été. Du coup, on a dû inventer un peu les scènes qui s’y passent parce qu’on ne sait pas comment c’était. Mon grand père est décédé, je ne pouvais pas lui demander. En plus, il ne parlait pas français donc ça aurait été compliqué. A part ça, normalement, tout ce qui est dit sur les événements historiques c’est vrai. On a plus pris des libertés sur les parcours des personnages, comme je disais on s’est inspiré de témoignages et parfois on a combiné deux témoignages pour en faire un seul parcours, ce genre de choses. Ça, on a pris plus de libertés, oui. Par contre, ce qui est rigolo c’est qu’on a aussi mis les anecdotes un peu mystiques qu’on nous a raconté comme le moment de réincarnation ou, au tout début, un grand-père qui a essayé de se lancer un sort pour ne pas être transpercé. Ça, c’est vraiment des choses qu’on nous a raconté et qu’on a gardé. Ça fait partie des croyances de là-bas. Anaïs : Moi, personnellement , je trouve que le livre est très bien, il fait passer un beau message parce que, finalement, avant de lire le livre, je n’avais aucune idée de l’histoire du pays et je trouve qu’on apprend plus de choses à travers les personnages. C’est plus ludique que d’apprendre dans un manuel scolaire. Vanyda : Oui, quand on suit des personnages, qu’on suit les sentiments qu’ils traversent, c’est plus facile pour comprendre la grande histoire. C’est pour ça aussi que je voulais faire sous cette forme-là et pas un livre vraiment historique pour expliquer l’arrivée des communistes et tout ça. Merci. Pauline : C’est bien aussi parce qu’à l’école on apprend le point de vue par rapport à la France alors que là, du coup, on a un point de vue totalement différent et d’une population différente donc ça change un peu de ce qu’on voit en cours. Vanyda : Oui, c’est bien ça. En plus souvent, on dit l’Indochine et on ne se rend pas bien compte de quels pays ça englobe l’Indochine C’est bien aussi qu’on voit ce pays-là en particulier. Souvent quand j’avais mes cours à l’école, le Laos était noyé dans le terme Indochine. Anaïs : Je trouve que c’est bien car on voit ce que les personnages ressentent ce qu’ils ont vécu. Ça nous donne vraiment une impression de ce qu’il s’est réellement passé. Vanyda : Merci. C’est bien que des personnes soient intéressées par l’histoire du Laos grâce à cette BD. Alors j’ai atteint mon but aussi.

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